Archives du mois : décembre 2017


Supervision des coachs : le jeu de Go mondial

Bonjour,

Le modèle Britannique de supervision des coachs devient peu à peu celui qui le plus diffusé dans le monde. Il est soutenu par une très abondante littérature traduite dans de nombreuses langues et par les efforts des nombreuses écoles de superviseurs Anglaises pour s’étendre sur les cinq continents. Les universités ne sont pas en reste, en particulier celle d’Oxford-Brookes, ainsi que les « business schools » comme Ashridge.

L’articulation en trois fonctions, introduite en 2006 par Peter Hawkins à la suite de Brigid Proctor, est désormais bien assise et constitue un langage commun pour les superviseurs du monde entier (fonction « qualitative », fonction « development » et fonction « resourcing »). Cette articulation reste évolutive et ainsi Florence Lamy a imaginé une quatrième fonction qu’elle nomme « élévation ». L’idée est de distinguer la co-réflexion sur la partie purement technique de l’activité du supervisé de la co-réflexion sur les valeurs, le sens et la conscience de soi qui serait approfondie. En effet, de nouvelles approches, apparues depuis peu, permettent de travailler plus spécifiquement sur ces aspects.

Au niveau des outils, le plus généralement utilisé dans le monde est le modèle « 7eyed » de Peter Hawkins qui considère quatre niveaux d’analyse : l’intrapersonnel, l’interpersonnel, le contexte et le fantasme. Florence Lamy et moi-même avons effectué des ajouts ou modifications qui ont été montrés à Peter lors des colloques internationaux de superviseurs. D’autres modèles aussi complets comme par exemple le « Three Worlds Four Territories » n’ont pas réussi la même percée.

La Grande Bretagne, l’Amérique du Nord, l’Australie, le Moyen Orient et une partie de l’Asie s’accommodent du modèle Britannique de supervision des coachs. La Chine Mainland, l’Amérique du Sud et l’Afrique hésitent. En Europe continentale qui est composée de nombreux pays très différents, la situation est contrastée.

Il y a en effet à l’est du Rhin une association forte de 9000 superviseurs dans 24 pays, l’ANSE, dont l’activité de supervision dépasse la seule supervision du coaching. Elle promeut le référentiel de compétences de coaching et de supervision qui a été commandé par l’Union Européenne en 2011 et publié en 2015.

Dans sa forme, ce référentiel de 24 compétences applique les règles de l’EQF (*), de l’ECTS et de l’ECVET (**) et se prête bien à la mise en place locale de l’EQF, comme par exemple le RNCP en France.

Les 24 compétences sont articulées autour des interactions, des actes professionnels et de l’organisation. Ainsi, des éléments comme la culture d’entreprise (8), le conflit (8, 20), les rôles et statuts dans l’organisation (9), le leadership (10), la communication au sein des organisations (19), la conscience interculturelle (21) et le pouvoir (22) y sont présents. Comparé à ceux des autres grandes associations (EMCC, ICF et AC) ce référentiel couvre beaucoup mieux le champ du coaching, du mentoring et de la supervision.

L’applicabilité de ce référentiel a donné lieu à de vives discussions lors d’une réunion inter-associations en septembre 2015 à Vienne. Les USA (représentés par Magda Mook d’ICF) et les associations « de l’Ouest » (EMCC, ICF, AC, APECS et AOCS) sont favorables à un référentiel uniforme pour le coaching. Par contre, les positions sur la supervision sont variées. L’EMCC, qui est en pointe sur la supervision des coachs, reste depuis en contact étroit avec l’ANSE.

L’ANSE a une valeur centrale : la diversité, c’est-à-dire qu’elle reconnait le fait que les pays, les professions de l’aide (coach et superviseur en particulier), les associations et les organisations clientes ont des besoins très différents en raison de l’histoire et de la culture. En conséquence, chaque pays/entité pourrait puiser dans les 24 compétences pour construire son propre référentiel. D’ailleurs plusieurs grandes entreprises internationales l’ont déjà fait en complétant le référentiel de coaching de l’EMCC ou de l’ICF afin d’y ajouter des compétences sur le leadership et l’organisation.

L’avantage à terme de l’adoption généralisée du référentiel de l’ANSE serait la comparabilité entre les professions, les formations, les spécialités, etc… Il permettrait en particulier de rendre possible la discussion entre les associations, les organismes de formation privés, les universités et les Pouvoirs Publics sur la question de ce qu’est la supervision.

Belle journée


Supervision des coachs – Conférence de Peter Hawkins

Bonjour,

Peter Hawkins a animé une e-conference le 14 décembre sur le « resourcing » en supervision de coachs. Des superviseurs d’une dizaine de pays y participaient.

Dans sa vision de la supervision il voit trois fonctions : la fonction « qualitative », la fonction « development » et la fonction « resourcing ». Ces trois fonctions correspondent à celles proposées par Brigid Proctor en 1988 (« normative », « formative » et « restorative ») qu’il a renommées et réaménagées.

La fonction « resourcing », objet de sa conférence, est aussi nommée, selon les auteurs, « soutien » ou « support ». Il s’agit de travailler avec le supervisé sur ses éléments personnels qui ont été impactés au cours de son activité de coach, et uniquement sur ceux-là puisque les autres problèmes personnels sont traités dans le cadre du développement personnel du coach.

Peter a une approche très humaniste de la supervision. Il la voit comme un effort commun du superviseur et du supervisé pour répondre aux besoins du client, de sa profession, du système et de ses acteurs. En outre, il voit l’activité du superviseur de coach dans la fonction « resourcing », non comme une « refueling station » qui permettrait au coach d’aider le client à devenir de plus en plus productif, mais comme un moyen pour aider le système, incluant le coach, à obtenir à la fois plus de performance et plus de bien-être.

En écoutant son exposé, nous avons vu cette approche comme proche d’un effort vers plus d’intelligence collective, que Peter nomme « We-Q » en supervision. C’est justement l’approche promue par Florence Lamy (qui est 2017 Supervision Award de l’EMCC). Peter est un fervent défenseur de l’idée qu’il faut introduire beaucoup plus de systémie dans la supervision.

Cela étant dit, il reste le « comment ? ». Peter a beaucoup d’idées très intéressantes sur cette question, nourries de ses 25 ans d’expérience sur le sujet et de la richesse de sa pensée féconde. Il les a évoquées brièvement, ce qui a suscité beaucoup de questions, mais il les expliquera plus en détail dans un livre à paraître l’an prochain.

Belle journée


Supervision des coachs : la Conscience de Soi du superviseur

Bonjour,

J’ai eu récemment une question sur la place de l’inconscient dans mon activité de superviseur.

Après huit ans d’analyse j’ai bien sûr une opinion. Elle est que dans l’activité de supervision de coachs il convient, si possible, de largement dépasser la notion d’inconscient.

La Conscience de Soi est en effet une des compétences clé que doit maîtriser un superviseur afin de permettre au coach de développer la sienne, quelles que soient ses références théoriques.

Il s’agit d’une notion centrale du coaching et de la supervision que toutes les fédérations internationales considèrent comme telle. Par exemple, l’EMCC propose la formulation suivante :

« Le coach construit sa conscience de soi sur un ensemble de modèles théoriques et d’opinions structurées provenant de sources externes ainsi que sur une réflexion rigoureuse sur son expérience et sa pratique. Il doit être en mesure de justifier point par point ses décisions au cours de sa pratique. ».

Pour le superviseur de coach, cette exigence va plus loin pour couvrir un spectre aussi large que possible de modèles théoriques et de finesse clinique.

Les MODELES

Quels sont les modèles dont nous disposons ?

La Psychodynamique tout d’abord qui nous fournit un ensemble de concepts issus de la première et deuxième topique, relatifs aux rapports entre conscient et inconscient. Au niveau opérationnel, le concept de défense du Moi permet d’établir un lien entre comportements, émotions, ressentis et processus inconscients. La projection, l’identification et l’identification projective sont des exemples de défenses du Moi.

La notion de transfert est essentielle et dépasse le seul modèle psychodynamique.

Le Cognitivisme et les Neurosciences nous fournissent les concepts relatifs aux rapports entre processus automatiques et processus contrôlés. Des ensembles neuronaux, du câblage en fait, sont porteurs de mécanismes plus ou moins adaptés, comme les biais cognitifs, les schémas précoces inadaptés et le coping (réponse à un stresseur). Ces mécanismes vont déboucher sur des émotions, des ressentis et des comportements.

La Psychologie Sociale nous fournit des modèles relatifs à l’identité et à la culture (pays, métier, entreprise…). Des comportements, cognitions et émotions sont spécifiques de la rencontre interculturelle.

Le reflet systémique est une notion transversale qui serait similaire à un transfert du présent dans le présent. Il porte différents noms selon le modèle qui en parle : processus parallèle, processus de reflet, processus de groupe, isomorphisme, etc…

La physiologie nous apporte la notion d’émotion (8 aux dernières nouvelles) et de réaction corporelle (rythme cardiaque, etc..), l‘énergie émise ou perçue, etc… .

Etc… etc… Il y a encore bien d’autres notions car ce qui se passe en nous est formé de nos mécanismes internes mais aussi de nos réponses aux mécanismes interpersonnels ou systémiques en situation de supervision avec un ou plusieurs coachs. Dans une vision holistique c’est tout notre être qui vibre.

La FINESSE CLINIQUE

Afin de détecter tous ces mécanismes la réflexion consciente est trop lente en situation et l’intuition est incertaine.

Ce sont nos émotions et ressentis qui vont nous renseigner en moins d’une milliseconde, à condition toutefois que nous ayons pris soin d’établir une correspondance entre ces émotions et ressentis et les mécanismes décrits par les différents modèles.

Par exemple, ce soudain sentiment d’étrangeté, si particulier, correspond à quoi pour moi ? Eh bien c’est mon détecteur interne de l’Identification projective ou du reflet systémique..  Et cette irritation à la « saveur » si particulière ou bien cet ennui passager sont le signe de quoi pour moi ? Etc…

Si ce calibrage est bien fait, ce qui est un véritable apprentissage, alors les émotions et ressentis, même très négatifs, deviennent des signaux qui alimentent en permanence notre tableau de bord meta. L’ennui n’est plus de l’ennui mais une donnée, un indice.

Cet apprentissage ne se fait pas en un jour mais c’est un axe de développement tout à fait passionnant. Un vrai travail de superviseur !

Bonne journée


Supervision des coachs : une nouvelle publication internationale

Bonjour,

L’ANSE vient de publier le premier numéro du European Journal for Supervision and Coaching.

L’ANSE (Association of National Organisations for Supervision in Europe) est une association internationale de superviseurs dont la stratégie est d’aller vers le coaching, ce qui est le chemin inverse des grandes associations de coachs telles que l’EMCC, l’ICF ou l’Association for Coaching.

L’ANSE a environ 9000 membres dans 26 pays, en majorité des pays « à l’est du Rhin » et au Nord de l’Europe. Les membres sont des superviseurs qui couvrent tous les métiers de l’accompagnement et maintenant de plus en plus de coachs.

Pour obtenir ce premier numéro de 40 pages en petits caractères, il suffit d’aller ici :

https://www.professioneelbegeleiden.nl/anse

Cette publication introduit une tonalité nouvelle. D’une part en évoquant autre chose que le champ du coaching et d’autre part en donnant enfin des références de livres ou d’articles d’auteurs Allemands, Autrichiens, Suisses, …

Belle journée