La recherche sur la supervision des coachs – première partie


Bonjour

Une question qui revient souvent maintenant est : où en est-on quant à la recherche sur la supervision des coachs ?

En effet, si nous voulons convaincre les entreprises de l’utilité, voire la nécessité, de la supervision alors que le nombre de coachs internes monte en flèche, il nous faut quelques arguments solides.

De façon générale, la recherche sur un sujet est structurée en différents niveaux.

Niveau 1

Le tout premier niveau tient du partage de la pensée sur le sujet, à savoir un article réflexif consacré à un aspect particulier, si possible appuyé sur des faits. Dans le domaine de la supervision nous en avons beaucoup, publiés par des superviseurs qui sont considérés comme des « thought leaders » : Tatiana Bachkirova, Michael Caroll, Peter Hawkins, David Gray, Brigid Proctor, Louis van Kessel, etc… Certains sont importants lorsqu’ils traitent d’épistémologie ou de méthodologie comme par exemple celui de Brigitte Schigl (Autriche).

Niveau 2

Le deuxième niveau consolide les apports du premier. Il s’agit d’ouvrages de synthèse portant sur les différents aspects de la supervision. Il en existe une centaine et les tout derniers portent sur l’éthique et la déontologie.

Niveau 3

Mais, les deux premiers niveaux ne sont que l’antichambre de la recherche. Celle-ci commence véritablement au troisième niveau avec les études de cas qui ont pour fonction de construire ou d’invalider une théorie.

S’il s’agit de construire une théorie, la méthodologie de la théorisation enracinée est généralement utilisée.  Barney Glaser et Anselm Strauss en 1967 ont été les pionniers de la théorie ancrée qui est à la base de cette méthodologie.

S’il s’agit d’invalider une théorie, la méthode dite du cygne noir est utilisée : si la théorie est que tous les cygnes sont blancs, trouver un cygne noir suffit à l’invalider.

Ainsi par exemple, sur le thème de la relation entre superviseur et supervisé, on compte une dizaine de recherches utilisant la théorisation enracinée.

Niveau 4

Au niveau 4, nous arrivons à des recherches portant sur de petites populations (5 à 20 sujets) et qui utilisent l’approche hypothético déductive. Outre un apport sur la compréhension des mécanismes en jeu, ces études permettent de tester et valider une méthodologie pour des recherches de plus grande ampleur. Nous en avons mené quelques-unes dont certaines sont publiées. Ce sont typiquement des recherches de niveau « Master 1 ».

Niveau 5

Le niveau 5 est celui des enquêtes sur de grandes populations. Il y en a dix et deux en cours dont celle, internationale, sur la supervision de la supervision. Ces enquêtes permettent en particulier de comprendre les comportements, leur évolution si elles sont longitudinales (répétées dans le temps) et parfois les outils, méthodes et résultats.

Niveaux 6 et 7

Le niveau 6 est celui des recherches hypothético-déductives sur de grandes populations. Il existe une vingtaine de thèses de doctorat mais très peu de travaux de grande ampleur. Nous avons par exemple la these de Attlee Zia Delphine (2013) An exploration of coaching practices in leading South African companies, University of the Witwatersrand.

Enfin, au niveau 7 nous trouvons les Meta-Analyses, c’est-à-dire l’analyse des résultats d’un grand nombre de recherches. Si dans le domaine du coaching il en existe quelques-unes supportant l’idée que l’impact du coaching est positif (dont la fameuse de Rebecca Jones & al en 2015), il n’y en a aucune pour la supervision.

En conclusion, nous manquons dramatiquement de recherches sur la supervision. Par contre nous avons un excès d’outils (plus de 100 en supervision collective…) : il est plus amusant d’inventer un outils que de chasser le savoir…

Nous traiterons une prochaine fois des domaines sur lesquels porte la recherche et des domaines surs lesquels elle devrait porter.


A propos de Michel Moral

Michel Moral a été dirigeant au sein d’entités internationales chez IBM. Il a vécu plusieurs années aux USA, en Allemagne et en Autriche. Ingénieur de formation (Centrale Paris) il est aussi docteur en Psychologie. Il est passionné par la question de l’efficacité d’une équipe dirigeante et par celle de l’intelligence collective. Enseignant à Paris VIII, à l’Université de Cergy-Pontoise et au CRC d’HEC, il coache des dirigeants, des équipes dirigeantes et supervise des coachs et peut intervenir en Français et en Anglais.