Archives de l’année : 2017


Première enquête mondiale sur la SUPERVISION de la SUPERVISION

Cher collègue superviseur,

Je vous ai envoyé récemment le lien vers la première enquête menée mondialement sur la supervision de la supervision.

J’ai pensé que quelques explications permettraient à ceux qui ne sont pas familiers avec la langue Anglaise de situer ce qui se passe.

Au cours de l’année 2015 l’idée d’un groupe international de superviseurs a émergé entre nous et ce groupe a été créé au début de 2016 : GSN – Global Supervisors Network. Ce groupe croît rapidement et assemble des superviseurs des cinq continents.

Les objectifs étaient les suivants :

  • Permettre de disposer, pour les superviseurs et par les superviseurs, d’une offre de Développement Professionnel Continu sur la supervision, sujet que les associations de coachs et/ou de superviseurs ont négligé.
  • Identifier, et si possible traiter, les sujets de recherche émergents. En particulier nous voyons se développer internationalement des questionnements relatifs à la supervision des coachs internes (une petite étude a été faite et je peux l’envoyer à ceux que cela intéresse) et à l’apparition de techniques qui utilisent celles de la supervision mais pour des populations de RH, managers ou dirigeants.

 

La présente enquête porte sur la supervision des superviseurs. Elle est justifiée par le fait que les associations internationales qui ont pour membres des superviseurs (EMCC, AC, etc…) leur demandent en général d’être eux-mêmes supervisés ou de participer à des intervisions. Cependant nous ne disposons actuellement que de peu de savoir construit sur ce sujet. C’est pourquoi les superviseurs du monde entier vont être sollicités.

SURVEY INFORMATION: Supervision of Supervision

https://www.surveymonkey.co.uk/r/GSNsupervisionofsupervision2017

Je reste à votre disposition pour toute autre information.

Bon week-end


Colloque EMCC sur la recherche, focus supervision

Bonjour à tous,

Le colloque EMCC sur la recherche en coaching/mentoring/supervision qui a eu lieu à Greenwich les 14 et 15 juin a été particulièrement riche cette année sur le plan de la supervision avec cinq interventions. C’est un indicateur de l’inscription de la supervision dans l’identité de l’EMCC.

120 personnes de 18 pays (dont Amériques et Asie) ont participé, dont environ la moitié de superviseurs. L’Université de Greenwich, majestueuse à l’Anglaise, est un lieu particulièrement agréable et inspirant pour un colloque sur la recherche.

Quelques points remarquables de ces interventions :

1 – David Clutterbuck et Alison Hodge ont présenté les résultats de leur enquête sur Supervision du coaching d’équipe (55 réponses). La discussion a porté sur le niveau de maturité des différents pays en la matière. Les Britanniques n’ont pas encore une idée très claire de ce qu’est le coaching d’équipe et déplorent qu’il n’y ait pas encore de savoir établi sur le sujet. Un ouvrage de référence ambitieux est d’ailleurs en préparation et le comité éditorial doit décider cette semaine de la liste des auteurs retenus (je suis sur la short list..). Également les interventions se font le plus souvent avec un seul coach et la théorie des systèmes n’est pas toujours invoquée. Quant à la supervision du coaching d’équipe, elle souffre également d’un manque patent de références théoriques ou méthodologiques.
Il semble que la France soit la plus avancée sur ces sujets avec une approche plus résolument systémique. Nous sommes tous d’accord sur un point : le processus parallèle est à la fois un danger et la principale ressource.

2 – Notre présentation sur l’analyse et les méthodes de résolution des dilemmes éthiques a un peu surpris et suscité des commentaires ou idées (je peux envoyer l’article à ceux qui le demandent). Ainsi les superviseurs Grecs ont longuement discuté la possibilité d’appliquer ces méthodes à la supervision de managers ou dirigeants, approches qui se développent rapidement en Grèce.

3 – Alison Hodge a raconté les péripéties de sa thèse de doctorat sur la supervision, en particulier ses difficultés à mettre au point une méthodologie valide. Ceux qui ont fait de la recherche connaissent bien ce passage délicat qui est particulièrement difficile lorsqu’il s’agit de la supervision comme objet d’investigation. Les discussions ont là aussi porté sur la part du systémique dans la supervision.

4 – Mike Armour (Australien) a commencé une thèse de doctorat sur les théories en action dans la supervision. Là encore la dimension systémique est étriquée. Les discussions dans la salle ont vraiment bien montré que l’attraction pour l’intrapersonnel est forte chez les superviseurs qui ont un peu de mal à aller vers l’interpersonnel, le systémique et l’organisation. Pourtant la montée du coaching interne et de la supervision interne crée des besoins actuellement insatisfaits de prise en compte des axes stratégiques des organisations.

5 – Louise Sheppard a présenté sa thèse de doctorat en cours sur le supervisé, le lien supervisé-superviseur et les voies pour maximiser les effets de la supervision. Les résultats de sa recherche qui est quantitative montrent qu’il existe un large espace de progrès.

En dehors de ces sessions sur la supervision il a beaucoup été question de ce que nous avons besoin de savoir sur le coaching, le mentoring et la supervision. Pour cette dernière, Les chercheurs se font plaisir en inventant de nouveaux outils, mais nous en avons maintenant pléthore (120 identifiés à ce jour), alors qu’il est clair que nous manquons de recherches sur l’effet de la supervision sur le coaché et sur son système. Un autre axe serait d’explorer l’épistémologie d’une approche intégrative de la supervision. Enfin, la gestion de grandes populations de coachs internes, externes et des superviseurs par une entreprise reste à approfondir.

Comme à chaque fois ce colloque a permis de créer de nouveaux liens et de consolider len réseau international de superviseurs qui est devenu mondial et non plus seulement Européen depuis le début de 2016. L’information y circule bien ainsi que les propositions de business international.

Michel Moral


Colloque en Asie, suite sur la supervision

Bonjour,

Les deuxième et troisième jours au colloque de l’APAC (Asia Pacific Association of Coaches) il a été plus spécifiquement question de supervision (voir annonce du 25/05).

Tout d’abord, le nombre de participants au colloque est monté à plus de 700 venus de 40 pays et des 5 continents. En particulier, il y avait de nombreux coachs d’Amérique du Sud.

Le 26, il y a eu une session consacrée à la supervision. 200 des participants étaient présents dont un certain nombre de superviseurs venant de Singapour, du Japon, le l’Inde, de l’Indonésie, des Philippines, de l’Australie, du Venezuela et d’ailleurs encore. C’était une belle opportunité pour embrasser d’un seul coup les différentes facettes de la supervision dans le monde. Lorsqu’il y a une telle session sur la supervision au cours d’un colloque en France, nous n’avons pas entre un tiers et un quart du total des participants dans la salle. Le sujet suscite donc ici la curiosité et l’intérêt.

La présentation faite par deux superviseuses de Singapour revenait aux notions de base d’une approche très «UK Centric » : enracinée dans des concepts issus de la supervision en psychothérapie, peu centrée sur les systémiques et très orientée sur la relation, la contractualisation et l’énergie. Cette vision de la supervision est celle, facilement reconnaissable, de l’une des écoles anglaises qui a déployé sa formation dans la région.

Le niveau d’énergie de la salle était plutôt bas malgré une animation créative, en particulier sur les différences entre coaching, mentor coaching et supervision illustrées par des jeux de rôle amusants. Nous en avons discuté le lendemain avec une des animatrices et émis plusieurs hypothèses. La plus satisfaisante est qu’il y a une grande différence de maturité entre des pays comme Singapour, le Japon ou l’Australie où c’est « comme en Europe » et des pays comme l’Indonésie où la supervision est encore un sujet très mystérieux qui suscite un peu de méfiance.

Sans que cela puisse être dénommé « intervision » ou « peer supervision » les coachs de nombreux pays (Inde, Indonésie, Philippines, Thailande, etc..) disent pratiquer une « entraide » entre coachs. Ces pratiques se font sous forme d’échange sur les cas sans utiliser de méthode ou d’outil de supervision.

Il y a eu ce même jour deux sessions sur la Culture Coaching : celle de Magda Mook (directrice des opérations à ICF) à propos de l’étude HCI/ICF et une autre sur l’implémentation de la Culture Coaching en Asie.

Je vous passe les détails et ce qui ressort est que le coaching interne est bien moins développé qu’en Europe et que les sponsors sont encore moins au courant qu’ici de ce qu’est la supervision. En conséquence la coordination de la supervision des coachs internes et externes intervenant dans de grandes organisations ne se pose pas du tout.

Dans une autre session sur la quatrième enquête menée en Chine, Inde et Hongkong il ressort qu’il y a 17% de coachs internes et que très peu bénéficient d’une supervision. Environ 20% des coachs externes sont supervisés. Le coaching d’équipe connaissant un grand succès, la supervision des coachs d’équipe devient une question brulante.

Le 27, j’ai co-animé avec un superviseur Américain un groupe de réflexion sur la supervision avec des superviseurs venus des cinq continents.

Nous avons appris qu’en dehors des associations de coachs abritant des superviseurs ou des associations internationales de superviseurs (essentiellement AOCS) il existe de nombreux groupes régionaux formels ou informels qui ont pour objectif de fournir de la Formation Professionnelle Continue aux superviseurs ou d’abriter des groupes de travail sur des sujets variés. Ces groupes régionaux ont de 15 à 100 membres et une idée est bien sûr de les interconnecter pour y faire circuler l’information.

Un autre sujet de discussion a été le manque de travaux de recherche sur l’impact de la supervision au-delà du supervisé, c’est-à-dire sur le client et l’organisation. Ceci est identifié comme le principal frein à la généralisation de la supervision. Il y aura un webinar début juillet qui fera un point sur le sujet.

Dans cette réunion le niveau d’énergie était très élevé. Nous avons échangé plein de petites nouvelles comme par exemple que Peter Hawkins fera une conférence sur la supervision au Canada en avril 2018 et aussi plein d’idées.

Je dirais pour conclure qu’il y avait une très bonne dynamique dans ce colloque qui a réussi à être vraiment international. Quarante pays représentés, c’est impressionnant. Belle réussite due à une équipe d’organisateurs vraiment très engagés.

Belle journée


Grand colloque de coachs en Asie

Bonjour,

Je suis actuellement au colloque de l’APAC (Association of Asia Pacific Coaches) qui se tient les 25, 26 et 27 mai à Bangkok.

Je ne suis pas là pour le coaching mais pour la supervision dont il sera question demain, et pour rencontrer des superviseurs. Il me semble toutefois intéressant de vous donner quelques infos générales sur cet évènement.

500 participants de 33 pays, Asiatiques pour la plupart. Pour ce qui est du contenu, 35 speakers de 18 pays interviennent sur le thème « Harmony and Minfulness for Humanity ». Il y a véritablement un souffle international dans ce colloque.

En termes d’organisation du colloque, pas mal d’idées originales comme par exemple des plénières en tables de 12, ce qui permet des exercices en grand groupe et une circulation de table à table.

La première journée dont il est question dans ce mot d’information était articulée autour de trois « personnages » :

Le moine – Le Vénérable Phra Maha Wudhiyaja Vajiramedhi, qui, quand il parle de ses « followers » parle de personnes qui marchent avec lui, pas de ceux connectés sur Twitter. D’ailleurs, il considère les réseaux sociaux comme des « forces négatives » souvent évoquées. Robe orange et pensée profonde sur la base de paraboles souvent amusantes.

Le leader – Dr. Veerathai Santiprebhob, gouverneur de la Banque de Thaïlande. Bouddhiste, il combine Mindfulness et position Meta dans son activité (pas évident, cela mérite réflexion ai-je pensé). Un ennéagramme 8 humble, pas fréquent chez nous.

Le coach – Dr. Marshall Goldsmith qui se dit « le plus grand coach du monde », 35 livres et philosophe bouddhiste. Il combine cabotinage et profondeur de vue, une combinaison inhabituelle.

Je ne vais pas entrer dans le détail de la journée mais la table ronde finale était impressionnante. Animée par le Dr. Thun Thamrongnawasawat, un jeune coach Thaïlandais de QI/QE/QR très élevés et mondialement connu, la table ronde a couvert l’Harmonie, le Mindfulness et l’Humanité, de façon bien structurée.

Le moine s’est positionné sur l’intrapersonnel, corps et esprit unifiés, le coach sur l’interpersonnel et le leader sur le système l’organisation. Chacun s’est interrogé sur la part de mindfulness dans sa journée : pas beaucoup, même chez ces spécialistes de la question. Par contre chacun s’interroge sur la part de « Mindlessless » dans sa journée et comment la réduire… ce qui est une réflexion particulièrement féconde semble-t-il.

J’ai beaucoup aimé la combinaison de réalisme et de spirituel dans cette journée et dans sa conclusion qui est que le monde réel est fait d’intérêts collectifs en conflits mais que l’harmonie pourrait exister si la vision long terme était partagée (Ah, cela évoque le Brexit, les élections en France, Donald…). Et, il est de la responsabilité de chacun de faire en sorte qu’il en soit ainsi. Mais, pour cela il faut avoir le temps de penser à ce qui est important et donc…. Mais nous sommes tous coachs et nous connaissons tous la suite, enfin, peut-être…

En tout cas, j’ai beaucoup appris aujourd’hui.

Belle fin de semaine.


Conférence sur la supervision des coachs internes

Bonjour,

Il y a eu cette semaine une conférence internationale sur la supervision du coaching interne animée par Harriet Attwood (superviseur interne) et Rebecca Peirce. Cette dernière supervise également des managers et des dirigeants. Les observations de ces deux superviseurs concernent essentiellement le marché Britannique.

Les enquêtes montrent que le nombre de coachs internes en UK croit plus vite que le nombre de coachs externes. Cela n’est pas seulement une question de coût mais aussi de proximité avec la culture de l’entreprise.
Le style de la supervision des coachs internes quant à elle varie entre deux extrêmes qui sont une forme de surveillance et une activité spécifique aux contours encore flous. Le rôle du « head of coaching », qui est parfois aussi superviseur interne, varie également en fonction de sa relation avec la hiérarchie.

Ce qui est spécifique à la supervision des coachs internes est qu’elle est de moins en moins choisie car elle est désormais de plus en plus financée et/ou organisée par l’entreprise ou l’institution. Elle est d’ailleurs très souvent combinée avec un développement professionnel continu pensé et mis en oeuvre par l’employeur.

Le mode de supervision collective est en général préféré quoiqu’il soulève des questions quant à la confidentialité et la confiance au sein du groupe. La moyenne des sessions est de 6 par an mais en croissance ainsi que la durée des sessions. Des études qualitatives (Liz Macann, 2012 ; Humphey Sheppard, 2012) semblent indiquer que les bénéfices de la supervision sont importants et portent à la fois sur le coach, le coaché et l’organisation. Cependant nous manquons d’études quantitatives.

Un certain nombre de préoccupations commencent à se préciser et tournent autour du fait que le processus parallèle (reflet systémique) est fortement amplifié par rapport à la supervision des coachs externes. Lorsque le superviseur est interne l’amplification augmente encore.

Ceci se traduit par le fait que les caractéristiques de l’organisation vont se retrouver intensifiées dans le petit monde des coachs internes de ladite organisation. Cela peut se traduire par des préoccupations sur la charge de travail, l’éthique, la confiance, le respect des limites, la collusion, la confusion et le désordre, la confidentialité ou les jeux de pouvoir.

Outre l’attention accrue accordée au processus parallèle (reflet systémique) le superviseur de coachs internes est aussi confronté à des effets systémiques intenses et doit donc soigner particulièrement le contrat de supervision. Cela se traduit par le fait que l’ILM (organisme qui délivre des certifications qualité pour les formations en UK) a modifié ses critères pour les formations de superviseur afin de mieux couvrir ces deux points. La discussion a permis de mettre en évidence que la conscience systémique chez les superviseurs est meilleure sur le continent qu’en Grande Bretagne.

Enfin, le nombre croissant de managers qui ont bénéficié d’une formation de coach et qui managent « as a coach » constitue une zone grise pour la supervision.

La conférence était très animée car le sujet rencontrait le vécu et l’expérience de tous les participants. Il y a encore beaucoup de travail à faire pour éclairer les zones d’ombre.

Belle fin de semaine.


7ième colloque international sur la supervision

Bonjour à tous,

Florence Lamy et moi-même avons participé au 7ième colloque international sur la supervision des coachs à Oxford-Brookes les 12 et 13 mai.

Il y avait moins d’une centaine de superviseurs, principalement des Anglais, quelques Hollandais, trois Canadiens et trois Français. En outre, les « grandes figures » des écoles de superviseurs Britanniques (Edna Murdoch de CSA, Peter Hawkins de Bath, Erik de Hann, Catherine Long, etc..) étaient absentes et il y avait peu de nouvelles têtes.

Où est donc passée la diversité des premiers de ces fameux colloques internationaux sur la supervision des coachs de l’Université Oxford-Brookes ? Déjà, en 2011 les participants venaient de loin (USA, Australie, etc..). Puis, la variété des pays a augmenté les années suivantes pour atteindre une apogée en 2014 lors du colloque tenu à Ashridge.

J’écrivais alors : « Les participants à Ashridge, 150 au total, viennent de 15 pays dont certains lointains (Singapour, Indonésie, Hong Kong, Afrique du Sud, UAE, USA, Autralie). Par rapport aux années précédentes, il apparait des représentants de sociétés telles que KPMG, Ernst & Young, Deloitte ainsi que des « very high flying supervisors ». Les associations de coachs (EMCC, AC, ICF) sont présentes mais peu visibles tandis que les associations de superviseurs (AOCS, APECS, ANSE) se montrent beaucoup plus actives que par le passé. Nous n’étions que deux Français (moi-même et Florence Lamy) et deux autres francophones ».

Nous pouvons nous poser la question du pourquoi d’une telle évolution en seulement trois ans et avancer plusieurs hypothèses :
– La première est que les autres assemblées internationales de superviseurs se sont développées au détriment de celle d’Oxford-brookes. Ces communautés utilisent des moyens modernes (Zoom, Goto) et ont acquis une meilleure attractivité en proposant des thèmes plus hardis.
– La seconde est que le modèle « UK-centric » de la supervision est maintenant bien connu, que de nouvelles approches fleurissent ici et là et que les superviseurs recherchent maintenant des lieux où cette diversité conceptuelle est présente.
– La troisième est que des évènements locaux (USA, Australie, Afrique du Sud, Asie) sont suffisants pour animer les populations locales de superviseurs.
– Une quatrième hypothèse est que d’autres colloques de coachs ou de superviseurs sont préférés. L’EMCC en particulier, qui consolide son identité d’association professionnelle de superviseurs, attire dans ses colloques internationaux ceux qui sont absents d’Oxford-Brookes. Ce fut le cas en mars à Edimbourg.

Tatiana Bachkirova qui organise le colloque d’Oxford-Brookes a d’ailleurs bien vu le danger puisqu’elle en transforme le modèle comme suit : le colloque n’aurait lieu désormais que tous les deux ans (le prochain en 2019) et un symposium, d’une forme à définir, se tiendrait les années paires. Elle prévoit aussi de se montrer plus exigeante quant au choix des conférenciers et d’assurer une plus grande diversité. Faisons lui confiance pour redresser la barre.

Ceci nous amène aux contenus qui restent très intéressants mais là encore peu divers : Les présentateurs des «keynotes » étaient tous deux Anglais, ce qui n’est arrivé qu’une fois dans le passé, et toutes les interventions sauf deux étaient animées par des Britanniques.
Parmi les très bonnes interventions, la présentation de Sue Clohessy et Helen Beinart m’a permis de compléter la liste des doctorats sur la supervision et avoir un point sur la recherche sur le sujet. Il se confirme que si nous avons maintenant quelques éléments sur l’effet de la supervision sur le supervisé et son action, les évidences quant à l’effet sur le client sont pour l’instant inexistantes.

Les deux interventions « venues d’ailleurs que UK » étaient pour l’une une co-réflexion très intéressante sur le marché Hollandais qui connait une dynamique très particulière : une pénétration exceptionnelle du coaching, très peu de superviseurs de coachs et beaucoup de superviseurs des autres professions de l’accompagnement.
L’autre intervention non Britannique était la nôtre qui a été jugée « décoiffante », « excitante » et « troublante », ce qui est tout de même bien pour un sujet austère et autant exploré que la résolution des dilemmes éthiques. Il faut dire que Florence, qui termine ses études de Médecine Traditionnelle Chinoise, avait ajouté une dimension énergétique qui a pris les participants par surprise. Parmi l’assistance, Robin Shohet nous a d’ailleurs félicité (Robin est le compère de Peter Hawkins pour la création de 7Eyed).

Au final, il a été bon de retrouver tous ces amis de longue date avec qui nous travaillons ou poursuivons des recherches au sein de plusieurs groupes internationaux. Je suis confiant dans le fait qu’une dynamique nouvelle sera initiée car les talents sont là.

Le programme détaillé peut être téléchargé ici :
https://www.brookes.ac.uk/WorkArea/DownloadAsset.aspx?id=2147567328

En bref la supervision continue à se structurer mais de nouvelles directions sont prises. J’aurais l’occasion sous peu de vous en dire plus.


Supervision dans le monde

Bonjour à tous,

Je viens de passer plusieurs jours au Maroc sur le sujet de la supervision.

La situation dans ce pays est qu’environ 3000 coachs y ont été formés, principalement par deux écoles, et environ 500 à 600 coachs sont actifs. Par ailleurs il existe de nombreuses formations organisées par des organismes Francophones (c’est-à-dire pas forcément Français…) sur divers outils ou modèles utilisés en coaching.

Au niveau des associations, il y a une association locale assez forte ainsi qu’un « Chapter » ICF. L’EMCC est encore peu représentée.

Mes passages dans les différents pays où je présente les fondamentaux de la supervision sont l’occasion de réfléchir sur ce qui différencie les approches de ce que je nomme la « difficulté de faire son lit sans en sortir » qui caractérise la principale difficulté des professions de l’accompagnement : par exemple le coaché a besoin d’un coach qui lui offre un regards externe sur ses questionnements et le coach a besoin d’un regard externe sur sa pratique. En d’autres termes il nous est difficile de repérer nos propres points aveugles.

Selon les géographies les solutions sont différentes et prennent en compte le culturel, le social et le légal. La supervision qui est une des solutions est donc plus ou moins connue ou acceptée :

– Aux USA divers freins (image « psy » de la supervision, représentations associées au mot « supervision » et règlementation du secteur médical) existent et l’accréditation des professionnels est préférée, pour l’instant.

– En Europe de l’Ouest, en Afrique du Sud et en Australie la supervision des coachs s’est développée et diffusée indépendamment de celle des autres professions de l’accompagnement.

– En Europe Centrale et de l’Est la supervision s’est développée de façon conjointe pour toutes les professions de l’accompagnement.

– En Asie c’est le modèle Américain qui prévaut pour l’instant pour le coaching mais les freins réglementaires étant différents rien ne freine le développement de la supervision.

– En Amérique du Sud, la question ne se pose pas encore mais il existe des noyaux favorables à la supervision, en particulier en Argentine.

Nous en saurons plus fin mai puisque plusieurs « têtes de pont de la supervision » (Lise Lewis, présidente de l’EMCC, Damian Goldvarg, Argentin et ex président d’ICF et sans doute Magda Mook, directrice Opérations d’ICF) se retrouveront au colloque de l’APAC à Bangkok.

Pour ce qui est du Maroc, et plus généralement de l’Afrique du Nord, la communauté des coachs ne s’est pas encore positionnée mais pressent qu’il est temps de le faire.

Je vous le dis à chacune de mes chroniques : le futur s’annonce passionnant.

Bonne fin de week-end à tous


La supervision de la supervision – Suite

Bonjour,

Le groupe international sur la supervision de la supervision qui a tenu sa première réunion en octobre 2016 (mon annonce du 15 octobre 2016) avait organisé une deuxième réunion en février (mon annonce du 11/02) et la troisième a eu lieu le 3 avril. Ce groupe assemble une quinzaine de superviseurs.

Cette fois il s’agissait de bâtir un plan d’action. Nous n’avons pu avoir quelqu’un de l’ANSE mais il y avait des superviseurs Américains.

Le tour de table a fait apparaitre des situations et besoins différents par géographie. Cependant, avec l’augmentation du nombre de coachs internes et l’apparition de superviseurs internes il y a accord sur le fait qu’il devient nécessaire de clarifier la question de la supervision des superviseurs dans les grands groupes.

Il a été décidé de développer une enquête quantitative internationale allant beaucoup plus loin que celles déjà faites en UK, Australie, France et Italie.
Une autre action consiste à rassembler les articles existants sur le sujet à travers le monde.
Egalement il est temps de publier les premières conclusions et nous avons défini le sous-groupe de travail en charge de cette tâche qui se réunira à nouveau sous peu.

Un déroulé a été établi. Quelques idées de plus long terme ont également fait l’objet d’un tour de table.

Il y a de l’engagement et une belle dynamique.

Belle journée à tous.

Michel Moral
Formateur de superviseurs de coachs (Formation ayant le label ESQA).
Trainer CTT 1&2


Les neurosciences en supervision

Bonjour,

Il y a eu récemment deux téléconférences internationales sur la supervision des coachs, l’une portait sur la recherche en éthique et déontologie (intéressante mais aride) et l’autre sur les neurosciences en supervision. C’est cette dernière, délivrée par le professeur Paul Brown le 9 mars, que je vais commenter.

La question qu’il pose porte sur les métiers de coach et de superviseur et s’appuie sur une métaphore historique : en Grande Bretagne, jusqu’en 1541, coiffure et chirurgie étaient effectuées par les barbiers. C’est à cette date que fut régulée cette activité avec la Charte de la Compagnie des Barbiers-Chirurgiens. Cette compagnie ne fut dissoute qu’en 1745, les barbiers se chargeant alors uniquement de l’esthétique et les chirurgiens de la réparation par la chirurgie. Pour cela les chirurgiens durent aller au-delà des simples techniques et étudier le fonctionnement intime du corps humain.

Brown pense que le coaching est face à une décision stratégique similaire car pour l’instant les coachs ne savent pas ce qui se passe réellement dans leur cerveau ni dans celui du coaché lorsqu’ils font ce qu’ils font. En effet, aucun des modèles et théories psychologiques ne s’appuie sur une réalité neurologique. Qui donc a observé avec un microscope électronique l’activation du Surmoi ou l’apparition de la honte ?

En d’autres termes, le coaching et la supervision doivent-ils évoluer pour devenir des « knowledge based professions » ?

Sa réponse s’appuie sur les dernières découvertes sur le fonctionnement du cerveau : les 8 émotions et le fait que la confiance, qui conduit à l’attachement (voir Bowlby, 1978), est l’huile permettant aux diverses fonctions du cerveau de fonctionner sans friction (souffrance). La confiance est en outre la base pour la construction de notre système de valeurs.

La difficulté épistémologique pour aller plus loin provient du fait que dans toutes les sciences, mais surtout dans les sciences humaines, le principe d’incertitude de Heisenberg (1927) s’applique : la mesure trouble le mesuré. Mais, le niveau de savoir que nous avons permet déjà de comprendre ce qui se passe en nous et dans le cerveau du client. Nous sommes donc à même d’échapper aux patterns et de permettre à notre client d’échapper lui aussi a ses patterns.

C’est la base de l’enseignement du coaching et de la supervision de Paul qui rencontre un succès significatif sur les 5 continents.

Au cours de la discussion qui a suivi la présentation de Paul, plusieurs superviseurs, dont en particulier Peter Hawkins, ont vigoureusement contesté à plusieurs niveaux :
– tout d’abord, tout comme le coaching, la supervision n’intègre pas seulement la dimension intrapersonnelle mais aussi les dimensions interpersonnelles, systémiques et culturelles (au sens large).
– en second lieu la supervision ne se cantonne pas seulement au champ émotionnel mais va également dans le champ mental ou instinctif et même dans des champs « plus élévés ».
– enfin, la discussion a été intense sur le sujet de la méthodologie scientifique. Les deux conceptions classiques quant à l’étude des phénomènes complexes se sont opposées.

Cette conférence était de très haute tenue avec des arguments puissants de part et d’autre. Il faut dire que dans ce groupe de superviseurs internationaux « il n’y a que du muscle » et les discussions y sont toujours très stimulantes.

En dernier lieu, profitant de cette opportunité, voici les nouvelles sur l’article du groupe de travail de l’EMCC France auquel je faisais allusion dans mon annonce précédente (sur l’organisation de la supervision dans les environnements à « Culture Coaching forte) : il a eu un succès mondial puisque nous recevons des félicitations et des demandes depuis les USA, l’Asie, la Turquie, la Grande Bretagne, l’Australie, etc… Un champ nouveau de réflexion, études et recherches s’ouvre donc.

Belle journée

Michel Moral
Formateur de superviseurs de coachs


Supervision : nouvelles du colloque EMCC à Edimbourg

Bonjour,

Quelques nouvelles du colloque international de l’EMCC à Edimbourg qui a eu lieu du 1ier au 3 mars 2017.

Vu sous l’angle de la supervision ce fut un excellent cru.

Tout d’abord les participants : Venus de 25 pays 300 coachs, superviseurs, clients et représentants d’autres associations étaient présents. Parmi les plus connus :

– Sijtze de Roos, Président de l’ANSE qui compte 9000 membres, superviseurs et coachs, en Europe de l’Est principalement. Il était invité avec Agnes Turner de son Board au titre de l’accord de juillet 2016 entre l’EMCC et L’ANSE.

– Damian Goldvarg, ancien Président de l’ICF et formateur de superviseurs (ESQA), venu de Los Angeles. Il est le premier Américain à avoir obtenu l’accréditation de superviseur ESIA et il forme des superviseurs dans une école ESQA aux USA.

– Et puis quelques figures connues du monde de la supervision Anglo-Saxon comme Edna Murdoch (avec bien sûr Elaine, Karyn, Alison, Miriam, etc…), Eve Turner, Sarah Gilbert, etc…

Il y a aussi ceux ou celles qui participent habituellement à ce colloque et qui n’étaient pas là, comme par exemple Magda Mook, Directrice des Opérations à ICF, Catherine Tulpa qui dirige l’Association for Coaching, Tatiana Bachkirova de l’université Oxford Brookes ou Peter Hawkins : le colloque de l’APAC à Bangkok en mai attire en effet beaucoup de monde car l’attention se déplace vers l’Asie…

Au niveau du programme, plusieurs sessions étaient exclusivement consacrées à la supervision des coachs ou bien la supervision y a été très présente :

– Une présentation de la stratégie de l’EMCC en matière de supervision avec une discussion sur les offres : le référentiel de compétences, l’ESQA et l’ESIA. Cette session était animée par Damian et Tom Battye avec pour support la vidéo d’une supervision. Très intéressant.

– La présentation de l’étude EMCC France sur l’organisation de la supervision dans les grands groupes. Cette session était animée par moi-même (Un article sur cette session est disponible en Anglais et je peux l’envoyer à qui le demande). Ce thème sera repris au colloque de l’EMCC France le 10 mars avec la participation des responsables du coaching dans trois grands groupes Français.

– Une session relative à une société immobilière de 900 personnes qui était en grande difficulté en 2000 et qui a décidé de non seulement survivre mais surtout de croître. Pour cela le DG s’est engagé avec résolution dans une Culture Coaching forte. Il y a maintenant 80 coachs internes, 30 coachs externes et… 2 superviseurs internes. Les résultats sont spectaculaires.

– Une session animée par Lesley Matile, Sarah Gilbert et Eve Turner sur l’intervision des superviseurs : un groupe d’une quinzaine de superviseurs a entamé en 2000 de formaliser cette approche et il apparait que, si c’est efficace, ce n’est pas si simple. Fonctionnant depuis 2010 selon un mode semi expérimental, ce groupe a fait un bond en avant en termes de compréhension de qui fonctionne et ne fonctionne pas.

– Enfin une session sur l’ISMCP qui est une reconnaissance de la qualité des programmes de Coaching et Mentoring dans les grandes organisations. Ce standard, qui comprend 67 critères, couvre évidemment la supervision et il a été établi des liens avec tout ce qui a été évoqué ci-dessus.

Bien entendu il y a eu de nombreuses discussions lors des poses, des pots et du dîner. Ces échanges ont permis en particulier d’établir des ponts entre plusieurs pays d’Europe et les USA en matière de supervision, de partager avec les représentants de l’ICF et de consolider les liens avec l’ANSE.

Il apparait que l’ANSE est très en avance sur certains sujets mais que l’information est peu disponible ici parce que les publications sont surtout en Allemand ou en Hollandais. Les discussions mettent en évidence que sur la supervision dans les grandes institutions, la supervision interne et l’intervision l’ANSE est en pointe. Des liens collaboratifs ont donc été établis afin d’échanger les données de recherche. A l’inverse le Code de Déontologie Global de l’EMCC/AC a été vu par l’ANSE comme une avancée majeure digne d’attention.

Quelles tendances se dégagent de ce colloque ?

– Tout d’abord l’identité de l’EMCC se précise et se renforce comme association de coachs et mentors mais aussi de superviseurs.

– Ensuite, la progression du coaching interne a fait l’objet de nombreuses discussions. L’apparition de superviseurs internes se précise et leur nombre va croître dans le court terme.

– La supervision des grandes masses de coachs (internes+externes) au service d’une entreprise va devoir être explorée plus avant car le sujet devient chaud.

– Enfin, de nombreuses actions visent à mieux définir la profession de superviseur de coachs et ses spécificités par rapport aux autres formes de supervision qui émergent dans les entreprises (supervision de DRH, de managers, de dirigeants, etc…

Tout cela est passionnant.

Belle journée à tous

Michel Moral
Formateur de superviseurs de coachs