Archives du mois : mai 2016


La technologie dans le coaching et la supervision

Bonjour,
Notre mot du jour concerne à nouveau l’émergence de la technologie dans le coaching et la supervision.

Nous sommes nombreux à utiliser les constellations systémiques (Whittinton, 2012 ; Motto, 2016 chap. 14), les divers dérivés de FAST (Gehring, 1988) ou des playmobils en supervision. Mais, comment faire en supervision individuelle ou collective à distance ? De nombreux superviseurs font en effet de la supervision ou de l’intervision collective à distance en utilisant Skype, Zoom, Goto ou un autre produit de videoconferencing.

Le champ théorique a été exploré par Lieberman (2005), Suler (2004) et d’autres qui ont commencé par expérimenter des outils comme Second Life pour représenter le système et/ou le consteller.

Le défi est de pouvoir créer un espace virtuel qui soit créatif et propice à la réflexion tout en laissant assez de place pour l’expression des émotions. C’est possible puisque la recherche (Engel & al., 2014) a montré que dans un travail à distance la Théorie de l’Esprit se substitue à l’empathie sans que l’intelligence collective soit dégradée. Il y a en outre un abaissement des inhibitions, ce qui favorise l’expression des émotions mais implique une contractualisation plus « serrée » et une bonne expérience de la technologie.

Depuis peu, c’est un outil utilisé par les psychothérapeutes qui répond le mieux à ces exigences : ProReal (proreal.co.uk). Il permet de mettre en scène des personnages mais aussi des éléments de décor qui ont un poids symbolique. Les techniques de Story Telling, de constellation et de représentation systémique peuvent être utilisées et même enrichies du fait des capacités techniques du produit (comme par exemple de changer de perspective).

La réflexion et l’expérimentation se poursuivent et sans doute aurons-nous à en reparler.

Tout ceci nourrit bien sûr notre formation de superviseurs que nous voulons à la pointe de l’état de l’art.

Belle journée à tous.


Les ressentis comme outil de supervision et le colloque d’Oxford-Brookes

Bonjour,

Le du 6ième colloque international de superviseurs de coachs a eu lieu à l’Université Oxford-Brookes les 9 et 10 mai. Il a rassemblé plus de 120 superviseurs de 10 nationalités différentes. C’est la plus importante réunion de superviseurs de coachs en Europe

La première journée était un Master Class animé par Robin Shohet, l’auteur de nombreux livres, dont celui avec Peter Hawkins. Le thème pouvait se résumer ainsi : “Examinons quelles peurs nous empêchent d’avoir conscience et d’exprimer librement nos ressentis. Ces ressentis « authentiques » sont de l’information à condition de bien les calibrer”

Les psychothérapeutes savent bien que, par exemple, un ennui d’une certaine saveur, reconnaissable par l’expérience, indique qu’il y a de la dépression dans le système. Les éprouvés bien calibrés sont autant d’outils de diagnostic de haute qualité, fiables et immédiats.

Robin utilise cela pour proposer une méthode de supervision collective originale où ces ressentis véritables sont exprimés par les participants pendant l’exposé du demandeur.

C’est redoutablement efficace mais c’est une méthode de supervision pour superviseurs très aguerris.

La deuxième journée du colloque était organisée de façon classique : deux plénières et des sessions parallèles. Ces interventions ont rendu compte des évolutions de l’activité de coaching et des répercutions sur celle de superviseur, en particulier :

  • Forte croissance du coaching interne qui modifie un peu les modèles de la supervision.
  • Mouvement vers beaucoup plus de « systémie » en supervision (quoique pas encore assez à mon goût)
  • Manque patent de recherches académiques sur la supervision
  • Perfectionnement significatif des techniques de supervision.

Ma propre intervention portait sur l’organisation de la supervision dans les organisations ayant une « Culture Coaching forte » (voir à ce sujet les travaux de HCI/ICF montrant la corrélation entre « Culture Coaching forte » et engagement et résultats financiers, mon mail du 4 décembre 2015). Ce sont des organisations où les objectifs des coachings (effectués par les coachs internes ou externes) sont fortement en support des objectifs stratégiques de ladite organisation. La session a été très animée et riche en retours montrant l’acuité de la question. Je vais donc la poursuivre en tenant compte des apports de la salle.

Un grand moment a été la session interactive de David Clutterbuck visant à identifier les besoins des superviseurs et à bâtir le squelette d’un plan d’action pour satisfaire ces besoins. Une quarantaine de superviseurs ont brassé du post-it et de la gommette pour faire émerger une trentaine de propositions.

Malgré des apports très enrichissants, comme à chaque fois, l’impression générale en sortant de ce colloque était que ce sont toujours les mêmes personnes qui sont là et qu’il est temps de secouer un peu le modèle de supervision « à l’anglaise » qui est diffusé à travers le monde. Il est fort possible que ma participation aux évènements organisés par les superviseurs d’Outre-Rhin (ANSE) en 2015 m’ait ouvert les yeux sur l’existence d’autres modèles tout aussi intéressants et efficaces et que cela me rende plus exigeant.

Participer aux colloques internationaux sur la supervision est une formidable opportunité qui permet de faire le plein d’idées et donc d’en faire bénéficier les superviseurs que nous formons. UNDICI remercie donc les organisateurs de ces évènements pour leur engagement et leur opiniâtreté à faire partager. Nous nous efforçons de transmettre cette flamme dans nos formations.

Bonne journée à tous,