Archives du mois : mai 2017


Colloque en Asie, suite sur la supervision

Bonjour,

Les deuxième et troisième jours au colloque de l’APAC (Asia Pacific Association of Coaches) il a été plus spécifiquement question de supervision (voir annonce du 25/05).

Tout d’abord, le nombre de participants au colloque est monté à plus de 700 venus de 40 pays et des 5 continents. En particulier, il y avait de nombreux coachs d’Amérique du Sud.

Le 26, il y a eu une session consacrée à la supervision. 200 des participants étaient présents dont un certain nombre de superviseurs venant de Singapour, du Japon, le l’Inde, de l’Indonésie, des Philippines, de l’Australie, du Venezuela et d’ailleurs encore. C’était une belle opportunité pour embrasser d’un seul coup les différentes facettes de la supervision dans le monde. Lorsqu’il y a une telle session sur la supervision au cours d’un colloque en France, nous n’avons pas entre un tiers et un quart du total des participants dans la salle. Le sujet suscite donc ici la curiosité et l’intérêt.

La présentation faite par deux superviseuses de Singapour revenait aux notions de base d’une approche très «UK Centric » : enracinée dans des concepts issus de la supervision en psychothérapie, peu centrée sur les systémiques et très orientée sur la relation, la contractualisation et l’énergie. Cette vision de la supervision est celle, facilement reconnaissable, de l’une des écoles anglaises qui a déployé sa formation dans la région.

Le niveau d’énergie de la salle était plutôt bas malgré une animation créative, en particulier sur les différences entre coaching, mentor coaching et supervision illustrées par des jeux de rôle amusants. Nous en avons discuté le lendemain avec une des animatrices et émis plusieurs hypothèses. La plus satisfaisante est qu’il y a une grande différence de maturité entre des pays comme Singapour, le Japon ou l’Australie où c’est « comme en Europe » et des pays comme l’Indonésie où la supervision est encore un sujet très mystérieux qui suscite un peu de méfiance.

Sans que cela puisse être dénommé « intervision » ou « peer supervision » les coachs de nombreux pays (Inde, Indonésie, Philippines, Thailande, etc..) disent pratiquer une « entraide » entre coachs. Ces pratiques se font sous forme d’échange sur les cas sans utiliser de méthode ou d’outil de supervision.

Il y a eu ce même jour deux sessions sur la Culture Coaching : celle de Magda Mook (directrice des opérations à ICF) à propos de l’étude HCI/ICF et une autre sur l’implémentation de la Culture Coaching en Asie.

Je vous passe les détails et ce qui ressort est que le coaching interne est bien moins développé qu’en Europe et que les sponsors sont encore moins au courant qu’ici de ce qu’est la supervision. En conséquence la coordination de la supervision des coachs internes et externes intervenant dans de grandes organisations ne se pose pas du tout.

Dans une autre session sur la quatrième enquête menée en Chine, Inde et Hongkong il ressort qu’il y a 17% de coachs internes et que très peu bénéficient d’une supervision. Environ 20% des coachs externes sont supervisés. Le coaching d’équipe connaissant un grand succès, la supervision des coachs d’équipe devient une question brulante.

Le 27, j’ai co-animé avec un superviseur Américain un groupe de réflexion sur la supervision avec des superviseurs venus des cinq continents.

Nous avons appris qu’en dehors des associations de coachs abritant des superviseurs ou des associations internationales de superviseurs (essentiellement AOCS) il existe de nombreux groupes régionaux formels ou informels qui ont pour objectif de fournir de la Formation Professionnelle Continue aux superviseurs ou d’abriter des groupes de travail sur des sujets variés. Ces groupes régionaux ont de 15 à 100 membres et une idée est bien sûr de les interconnecter pour y faire circuler l’information.

Un autre sujet de discussion a été le manque de travaux de recherche sur l’impact de la supervision au-delà du supervisé, c’est-à-dire sur le client et l’organisation. Ceci est identifié comme le principal frein à la généralisation de la supervision. Il y aura un webinar début juillet qui fera un point sur le sujet.

Dans cette réunion le niveau d’énergie était très élevé. Nous avons échangé plein de petites nouvelles comme par exemple que Peter Hawkins fera une conférence sur la supervision au Canada en avril 2018 et aussi plein d’idées.

Je dirais pour conclure qu’il y avait une très bonne dynamique dans ce colloque qui a réussi à être vraiment international. Quarante pays représentés, c’est impressionnant. Belle réussite due à une équipe d’organisateurs vraiment très engagés.

Belle journée


Grand colloque de coachs en Asie

Bonjour,

Je suis actuellement au colloque de l’APAC (Association of Asia Pacific Coaches) qui se tient les 25, 26 et 27 mai à Bangkok.

Je ne suis pas là pour le coaching mais pour la supervision dont il sera question demain, et pour rencontrer des superviseurs. Il me semble toutefois intéressant de vous donner quelques infos générales sur cet évènement.

500 participants de 33 pays, Asiatiques pour la plupart. Pour ce qui est du contenu, 35 speakers de 18 pays interviennent sur le thème « Harmony and Minfulness for Humanity ». Il y a véritablement un souffle international dans ce colloque.

En termes d’organisation du colloque, pas mal d’idées originales comme par exemple des plénières en tables de 12, ce qui permet des exercices en grand groupe et une circulation de table à table.

La première journée dont il est question dans ce mot d’information était articulée autour de trois « personnages » :

Le moine – Le Vénérable Phra Maha Wudhiyaja Vajiramedhi, qui, quand il parle de ses « followers » parle de personnes qui marchent avec lui, pas de ceux connectés sur Twitter. D’ailleurs, il considère les réseaux sociaux comme des « forces négatives » souvent évoquées. Robe orange et pensée profonde sur la base de paraboles souvent amusantes.

Le leader – Dr. Veerathai Santiprebhob, gouverneur de la Banque de Thaïlande. Bouddhiste, il combine Mindfulness et position Meta dans son activité (pas évident, cela mérite réflexion ai-je pensé). Un ennéagramme 8 humble, pas fréquent chez nous.

Le coach – Dr. Marshall Goldsmith qui se dit « le plus grand coach du monde », 35 livres et philosophe bouddhiste. Il combine cabotinage et profondeur de vue, une combinaison inhabituelle.

Je ne vais pas entrer dans le détail de la journée mais la table ronde finale était impressionnante. Animée par le Dr. Thun Thamrongnawasawat, un jeune coach Thaïlandais de QI/QE/QR très élevés et mondialement connu, la table ronde a couvert l’Harmonie, le Mindfulness et l’Humanité, de façon bien structurée.

Le moine s’est positionné sur l’intrapersonnel, corps et esprit unifiés, le coach sur l’interpersonnel et le leader sur le système l’organisation. Chacun s’est interrogé sur la part de mindfulness dans sa journée : pas beaucoup, même chez ces spécialistes de la question. Par contre chacun s’interroge sur la part de « Mindlessless » dans sa journée et comment la réduire… ce qui est une réflexion particulièrement féconde semble-t-il.

J’ai beaucoup aimé la combinaison de réalisme et de spirituel dans cette journée et dans sa conclusion qui est que le monde réel est fait d’intérêts collectifs en conflits mais que l’harmonie pourrait exister si la vision long terme était partagée (Ah, cela évoque le Brexit, les élections en France, Donald…). Et, il est de la responsabilité de chacun de faire en sorte qu’il en soit ainsi. Mais, pour cela il faut avoir le temps de penser à ce qui est important et donc…. Mais nous sommes tous coachs et nous connaissons tous la suite, enfin, peut-être…

En tout cas, j’ai beaucoup appris aujourd’hui.

Belle fin de semaine.


Conférence sur la supervision des coachs internes

Bonjour,

Il y a eu cette semaine une conférence internationale sur la supervision du coaching interne animée par Harriet Attwood (superviseur interne) et Rebecca Peirce. Cette dernière supervise également des managers et des dirigeants. Les observations de ces deux superviseurs concernent essentiellement le marché Britannique.

Les enquêtes montrent que le nombre de coachs internes en UK croit plus vite que le nombre de coachs externes. Cela n’est pas seulement une question de coût mais aussi de proximité avec la culture de l’entreprise.
Le style de la supervision des coachs internes quant à elle varie entre deux extrêmes qui sont une forme de surveillance et une activité spécifique aux contours encore flous. Le rôle du « head of coaching », qui est parfois aussi superviseur interne, varie également en fonction de sa relation avec la hiérarchie.

Ce qui est spécifique à la supervision des coachs internes est qu’elle est de moins en moins choisie car elle est désormais de plus en plus financée et/ou organisée par l’entreprise ou l’institution. Elle est d’ailleurs très souvent combinée avec un développement professionnel continu pensé et mis en oeuvre par l’employeur.

Le mode de supervision collective est en général préféré quoiqu’il soulève des questions quant à la confidentialité et la confiance au sein du groupe. La moyenne des sessions est de 6 par an mais en croissance ainsi que la durée des sessions. Des études qualitatives (Liz Macann, 2012 ; Humphey Sheppard, 2012) semblent indiquer que les bénéfices de la supervision sont importants et portent à la fois sur le coach, le coaché et l’organisation. Cependant nous manquons d’études quantitatives.

Un certain nombre de préoccupations commencent à se préciser et tournent autour du fait que le processus parallèle (reflet systémique) est fortement amplifié par rapport à la supervision des coachs externes. Lorsque le superviseur est interne l’amplification augmente encore.

Ceci se traduit par le fait que les caractéristiques de l’organisation vont se retrouver intensifiées dans le petit monde des coachs internes de ladite organisation. Cela peut se traduire par des préoccupations sur la charge de travail, l’éthique, la confiance, le respect des limites, la collusion, la confusion et le désordre, la confidentialité ou les jeux de pouvoir.

Outre l’attention accrue accordée au processus parallèle (reflet systémique) le superviseur de coachs internes est aussi confronté à des effets systémiques intenses et doit donc soigner particulièrement le contrat de supervision. Cela se traduit par le fait que l’ILM (organisme qui délivre des certifications qualité pour les formations en UK) a modifié ses critères pour les formations de superviseur afin de mieux couvrir ces deux points. La discussion a permis de mettre en évidence que la conscience systémique chez les superviseurs est meilleure sur le continent qu’en Grande Bretagne.

Enfin, le nombre croissant de managers qui ont bénéficié d’une formation de coach et qui managent « as a coach » constitue une zone grise pour la supervision.

La conférence était très animée car le sujet rencontrait le vécu et l’expérience de tous les participants. Il y a encore beaucoup de travail à faire pour éclairer les zones d’ombre.

Belle fin de semaine.


7ième colloque international sur la supervision

Bonjour à tous,

Florence Lamy et moi-même avons participé au 7ième colloque international sur la supervision des coachs à Oxford-Brookes les 12 et 13 mai.

Il y avait moins d’une centaine de superviseurs, principalement des Anglais, quelques Hollandais, trois Canadiens et trois Français. En outre, les « grandes figures » des écoles de superviseurs Britanniques (Edna Murdoch de CSA, Peter Hawkins de Bath, Erik de Hann, Catherine Long, etc..) étaient absentes et il y avait peu de nouvelles têtes.

Où est donc passée la diversité des premiers de ces fameux colloques internationaux sur la supervision des coachs de l’Université Oxford-Brookes ? Déjà, en 2011 les participants venaient de loin (USA, Australie, etc..). Puis, la variété des pays a augmenté les années suivantes pour atteindre une apogée en 2014 lors du colloque tenu à Ashridge.

J’écrivais alors : « Les participants à Ashridge, 150 au total, viennent de 15 pays dont certains lointains (Singapour, Indonésie, Hong Kong, Afrique du Sud, UAE, USA, Autralie). Par rapport aux années précédentes, il apparait des représentants de sociétés telles que KPMG, Ernst & Young, Deloitte ainsi que des « very high flying supervisors ». Les associations de coachs (EMCC, AC, ICF) sont présentes mais peu visibles tandis que les associations de superviseurs (AOCS, APECS, ANSE) se montrent beaucoup plus actives que par le passé. Nous n’étions que deux Français (moi-même et Florence Lamy) et deux autres francophones ».

Nous pouvons nous poser la question du pourquoi d’une telle évolution en seulement trois ans et avancer plusieurs hypothèses :
– La première est que les autres assemblées internationales de superviseurs se sont développées au détriment de celle d’Oxford-brookes. Ces communautés utilisent des moyens modernes (Zoom, Goto) et ont acquis une meilleure attractivité en proposant des thèmes plus hardis.
– La seconde est que le modèle « UK-centric » de la supervision est maintenant bien connu, que de nouvelles approches fleurissent ici et là et que les superviseurs recherchent maintenant des lieux où cette diversité conceptuelle est présente.
– La troisième est que des évènements locaux (USA, Australie, Afrique du Sud, Asie) sont suffisants pour animer les populations locales de superviseurs.
– Une quatrième hypothèse est que d’autres colloques de coachs ou de superviseurs sont préférés. L’EMCC en particulier, qui consolide son identité d’association professionnelle de superviseurs, attire dans ses colloques internationaux ceux qui sont absents d’Oxford-Brookes. Ce fut le cas en mars à Edimbourg.

Tatiana Bachkirova qui organise le colloque d’Oxford-Brookes a d’ailleurs bien vu le danger puisqu’elle en transforme le modèle comme suit : le colloque n’aurait lieu désormais que tous les deux ans (le prochain en 2019) et un symposium, d’une forme à définir, se tiendrait les années paires. Elle prévoit aussi de se montrer plus exigeante quant au choix des conférenciers et d’assurer une plus grande diversité. Faisons lui confiance pour redresser la barre.

Ceci nous amène aux contenus qui restent très intéressants mais là encore peu divers : Les présentateurs des «keynotes » étaient tous deux Anglais, ce qui n’est arrivé qu’une fois dans le passé, et toutes les interventions sauf deux étaient animées par des Britanniques.
Parmi les très bonnes interventions, la présentation de Sue Clohessy et Helen Beinart m’a permis de compléter la liste des doctorats sur la supervision et avoir un point sur la recherche sur le sujet. Il se confirme que si nous avons maintenant quelques éléments sur l’effet de la supervision sur le supervisé et son action, les évidences quant à l’effet sur le client sont pour l’instant inexistantes.

Les deux interventions « venues d’ailleurs que UK » étaient pour l’une une co-réflexion très intéressante sur le marché Hollandais qui connait une dynamique très particulière : une pénétration exceptionnelle du coaching, très peu de superviseurs de coachs et beaucoup de superviseurs des autres professions de l’accompagnement.
L’autre intervention non Britannique était la nôtre qui a été jugée « décoiffante », « excitante » et « troublante », ce qui est tout de même bien pour un sujet austère et autant exploré que la résolution des dilemmes éthiques. Il faut dire que Florence, qui termine ses études de Médecine Traditionnelle Chinoise, avait ajouté une dimension énergétique qui a pris les participants par surprise. Parmi l’assistance, Robin Shohet nous a d’ailleurs félicité (Robin est le compère de Peter Hawkins pour la création de 7Eyed).

Au final, il a été bon de retrouver tous ces amis de longue date avec qui nous travaillons ou poursuivons des recherches au sein de plusieurs groupes internationaux. Je suis confiant dans le fait qu’une dynamique nouvelle sera initiée car les talents sont là.

Le programme détaillé peut être téléchargé ici :
https://www.brookes.ac.uk/WorkArea/DownloadAsset.aspx?id=2147567328

En bref la supervision continue à se structurer mais de nouvelles directions sont prises. J’aurais l’occasion sous peu de vous en dire plus.